Le Taïchi

Le Taïchi Chuan est à l’origine un art martial véritable. Devenu essentiellement pratique énergétique, il met l’accent sur la détente, la fluidité, l’équilibre, la concentration et la connaissance de soi.

« Le Tai Chi ne consiste pas simplement à apprendre une chorégraphie comme une danse. La plupart des pratiquants de Tai Chi supposent qu’ils ont fini d’apprendre le Tai Chi à la fin de leur apprentissage de la forme. Alors que la pratique véritable consiste à étudier les principes, à transformer notre façon d’être et à s’adapter aux changements. Vous pouvez apprendre les mouvements de tout une forme en quelques années (voir quelques mois) mais l’étude du Tai Chi est un processus qui dure toute une vie. Nous serons toujours des étudiants du Taiji et n’en serons jamais maître »
Wee Kee Jin

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Préambule : brève description et historique du Taïchi Chuan :

Le Taïchi Chuan (ou Taïji Quan 太极拳) est un art martial chinois dit « interne », dont l’origine remonte au XIIIe siècle (dynastie Ming). Plusieurs légendes s’attribuent sa naissance, aucune n’est prouvée.

Taïchi peut être traduit par « Grand (taï) Principe (chi) ». Il est illustré par le Taijitu, autrement nommé symbole du Yin et du Yang :

Taijitu2

Chuan signifie quant à lui « poing » ou « boxe ». Il désigne la pratique martiale.

Le Taïchi Chuan est donc par définition un art martial qui met en jeu les grands principes d’équilibre et d’harmonisation, tant au niveau du corps que de l’esprit.

Maître Wang Yen-nien

Plusieurs styles cohabitent aujourd’hui dont le style originel Chen et le style populaire Yang (le plus pratiqué dans le monde). Le style sur lequel nous nous basons dans les cours est le style Yang Jia Michuan (école secrète du style Yang) qui à, l’instar du style Yang populaire (dit « de Pékin »), a conservé une conscience prépondérante des applications martiales (self defense) et une pratique pédagogique à deux (Tuishou). Quelques exercices du style Chen (marches, mouvements, Qi Gong…) seront également abordés en cours.

La lignée du style Yang Jia Michuan (YJMC):

lignée YJMC taiji

Des élèves occidentaux  de maître Wang, ont transmis ce style en Europe et aux États-Unis. On peut noter des experts reconnus comme Serge Dreyer, originaire de Sarthe, vivant aujourd’hui à Taïwan et réalisant des stages au niveau international.


Le « Taïchi » aujourd’hui et ses bénéfices :

BH TJQ Forêt

Aujourd’hui l’optique martiale et guerrière ne semble plus être essentielle (même si dans les gestes, l’origine martiale donne du sens et une logique mécanique primordiale), la motivation des personnes est moins tournée vers l’apprentissage d’un art martial mais sur une pratique d’entretien et de « bien-être ». En effet, dans un monde où le corps s’est globalement sédentarisé, et où l’esprit s’agite sans cesse au gré des flux d’information et des exigences de « performances », les troubles et les déséquilibres sont nombreux. Combattre, affronter les causes extérieures (professionnelles, sociales, administratives, médicales…) est souvent vain et il n’y a que sur soi que l’on peut agir pour retrouver calme, sérénité et équilibre corps/esprit.

L’approche actuelle des cours Taïchi Chuan vient répondre à ces problématiques de société et de santé, de part les qualités philosophiques et pratiques qu’elle met en jeu, notamment la fluidité, l’adaptabilité et la non-violence. Pratique de « bien-être » devenue « gymnastique douce », elle s’adapte aux besoins physiques et psychologiques des personnes, se démarquant de la pratique originelle du Taïchi Chuan qui est un art martial véritable.
Pourtant, les applications martiales sont peu explorées, voire ignorées dans nombre de cours en Occident, alors qu’elles donnent du sens aux mouvements pratiqués dans le vide et ne s’opposent pas à la finalité de bien-être, au contraire. Nous essayons donc ici dans les cours d’intégrer les objectifs de bien-être sans trop perdre le sens de la pratique originelle car celle-ci décuple les bénéfices sur la santé et peut amener à des notions intéressantes de self-defense.

La pratique du Taïchi Chuan dans les cours :

Cours Taïchi Chuan

Concrètement, la pratique du Taïchi Chuan se traduit par des mouvements lents qui vont permettre de développer l’équilibre, la coordination, la souplesse, le relâchement, le renforcement des muscles et des tendons, l’attention sur soi et la concentration. On s’exerce à cela à travers des exercices de base (Jiben Gong) et des enchainements de mouvements appelés « formes » (« taolu » en chinois; équivaut aux katas japonais). Pour donner du sens aux mouvements et améliorer posture et précision, des exercices pédagogiques à deux (Tuishou) sont abordés. En plus de cela, nous y ajouterons une pratique de la méditation, et développerons notre conscience du corps à travers des bases d’anatomie classique et de médecine chinoise.

Les exercices pratiqués dans la régularité vont ainsi avoir un effet sur la santé, sur le niveau de stress, sur la circulation, et vont au fur et à mesure apporter du confort corporel, de l’apaisement mental et de la conscience de soi. C’est pourquoi on peut associer le Taïchi Chuan à une pratique de prévention de la santé et des TMS (troubles musculo-squelettiques).

L’apprentissage du Taïchi Chuan s’inscrit donc avant tout dans une démarche de respect de soi et du corps, démarche qui rayonnera tôt ou tard implicitement sur l’extérieur et l’entourage (se changer soi plutôt que changer le monde !). Il n’y a donc aucune compétition, chacun étant invité à progresser pour lui-même, là où il en est.

Le Taïchi Chuan demande patience et persévérance pour accéder à ses bienfaits, mais chaque progrès devient un acquis définitif. Par cet apprentissage dans la durée, il peut donc réserver quelques bonnes surprises au pratiquant, des découvertes qu’il n’aura pas forcément soupçonnées au départ, et une ouverture d’esprit encore plus vaste.

Quid de l’art martial ?

Le taiji quan | Wu Xing Dao, école de taiji quan et qi gong à Saint Malo

Considéré et pratiqué majoritairement comme une pratique de bien-être, le Taïchi Chuan peut cependant amener (dans des cercles fermés connus de peu de pratiquants) à une finalité globale du combat proche de la self-defense (avec projections, clés, coups de pieds/poings, et également armes comme l’épée, le sabre, le bâton et l’éventail). Oublier les notions martiales du Taïchi Chuan dénature ses qualités et peut amener à une pratique trop « molle » qui ne sera pas favorable à terme à une bonne santé physique et à une bonne concentration mentale. En effet, les véritables principes du Taïchi Chuan sont vécus et appliqués dans un contexte martial, même réduit à des situations pédagogiques. De ce fait, la pratique martiale du Taïchi Chuan pourra intéresser à terme le pratiquant débutant venu au départ pour un objectif « bien-être », et constituer une enrichissement profond et complémentaire ramenant à l’essence de la pratique. De plus, l’approche martiale peut être progressive : exercices pédagogiques de Tuishou (uniquement mains en contact avec poussées douces et mises en déséquilibre; sur place ou en déplacements, codifiés ou libres), puis à un haut niveau, pratique du Sanshou (ajout frappes pieds/poings et projections type judo ou lutte).

Dans nos cours, nous nous arrêtons à la pratique du Tuishou, moins dangereuse, avec un risque limité de blessures et avec un aspect ludique certain. Nous l’abordons davantage dans les cours pour élèves confirmés, qui ont acquis les bases à travers la pratique des formes (enchainement de mouvements). Ces explorations pratiques amènent un travail approfondi sur soi, et sur les plans mental, physique et relationnel. En effet, la pratique martiale renvoie à la gestion de notre mental et de notre émotionnel, et permet d’appliquer concrètement la philosophie de la pratique et de l’étendre dans notre quotidien.

Tuishou

La philosophie du Taïchi et sa pratique martiale sont un tout à travers lequel chacun peut développer à son rythme son plein potentiel physique, énergétique et psychique.

Aparté : le Qi Gong ?

BH Qi Gong

On confond souvent Taïchi Chuan et Qi Gong (prononcé Tchi Kong), ou du moins on ne comprend pas toujours la différence entre les deux.

Le Qi Gong (littéralement « pratiquer le Qi ») est un terme moderne établi en 1949 par le gouvernement communiste chinois pour regrouper toutes les pratiques de « longue vie » (Yang Sheng Fa et plus particulièrement Dao Yin) pratiquées dans les temples et écoles d’arts martiaux. Il s’agit d’exercices préparatoires et d’entretien axés sur la respiration et la circulation du Qi (« souffle ou énergie vitale » parcourant les méridiens d’acuponcture).

Plus concrètement, le Qi Gong invite à travers des exercices à relier la conscience de la respiration avec celle du mouvement et de l’énergie vitale, l’idée étant de ne plus séparer pensée (intention), respiration et mouvement. Ce principe est fondateur de beaucoup d’arts martiaux et de pratiques de méditation, c’est pourquoi nombre de Qi Gong existent dans toute la Chine, avec des formes diverses et variées. On constate aussi des Qi Gong modernes ou réactualisés, dont les concepteurs chinois et occidentaux tendent à valoriser les bienfaits thérapeutiques, via des fédérations qui y voient le plus souvent un marché lucratif au vu de l’intérêt grandissant du public.

Aussi, bien qu’il puisse être pratiqué indépendamment, le Qi Gong est une composante indissociable de la pratique du Taïchi Chuan et il fait partie des exercices de préparation au même titre qu’une gymnastique consciente. Le leitmotiv de la pratique du Qi Gong est l’union « corps, esprit, énergie/souffle », ce qui est connexe de la pratique du Taïchi Chuan.
On pourrait dire en quelque sorte en faisant un gros raccourci (et en faisant hurler les puristes), que le Taïchi Chuan est un « Qi Gong martial ».

Infos complémentaires sur les origines du Taïchi Chuan et du Qi Gong


Exemples d’enchainements (appelés formes ou taolu) du Taïchi Chuan style Yang Jia Michuan et Chen